Une nouvelle statue du chevalier Bavard a été inaugurée samedi 31 août, dans la mairie de Pontcharra, dans le cadre des 5oo ans de la mort du chevalier.
La cérémonie s’est déroulée en présence d’une délégation de 25 élus et habitants de Rovasenda.
Le Sculpteur Daniel FAVRE a réalisé deux statues identiques
Une inaugurée à Rosavenda et l’autre à Pontcharra
« Les statues jumelles de Bayard »
Discours du président des Amis de Bayard : Philippe Langénieux Villard
« Il n’y a pas, dans le peuple des statues du monde, une seule d’entre elles qui propose une personnalité souriante ou joyeuse à celui qui la contemple.
Sans doute parce que les statues contiennent les soucis et les critiques de ceux qu’elles représentent lorsqu’ils étaient vivants.
Peut-être aussi parce que la postérité contient quelque chose de grave et de sérieux.
Nous comptons en France davantage de statues de Bayard que de Charles VIII, de Louis XII ou de François Ier. Nos livres d’histoire y ont longtemps consacré autant de pages qu’à Jeanne d’Arc, Gutenberg, ou Marie Curie.
Fondues ici pour des motifs de guerre, volées là pour la valeur de leur matière, elles demeurent pourtant debout à Grenoble, à Coëtquidan, à Paris, à Charleville-Mézières, à Saint-Dénis ou à Sainte-Anne d’Auray, à Toulouse et bien sûr ici, à Pontcharra sa ville natale.
Monsieur le Maire, vous avez pris la décision de réparer l’outrage du vol commis le 6 octobre 1990.
Vous avez passé à Daniel Favre commande d’un multiple grâce auquel deux communes célèbrent les mêmes valeurs sans qu’il y ait ici un modèle et là une copie, mais ici et là comme des jumelles, des oeuvres identiques.
Votre choix monsieur le Maire, est à la fois
une innovation,
une preuve
et un symbole
Une innovation car la commande publique a très rarement la générosité de concevoir deux oeuvres pour une seule commémoration. Le bronze de ce travail admirable est ainsi transformé en ciment d’amitié, de complicité et de mémoire.
Il y a, dans le refus de toute frontière, dans le désir de fusion de deux communautés, un immense message de paix et de complicité.
J’ai la conviction que Bayard lui-même vous serait reconnaissant de cet humanisme dont il fut, c’est vrai, l’un des derniers modèles.
Un symbole enfin, de la puissance infinie de l’art pour imposer une trêve au combat des hommes. « L’art, écrivait Georges Braque, est une blessure qui devient lumière ».
Et il est vrai que l’art, qui n’a pas été inventé pour faire du mal au monde, donne conscience aux hommes de la grandeur qu’ils ignorent en eux.
C’est pourquoi, cher monsieur Favre, votre travail a tant d’importance. Il vient donner un sens ultime aux cérémonies commémorant la mort aveugle et absurde d’un chevalier, et, par delà cette mort, à la fin d’une époque où la guerre n’était plus tout à fait une distraction de roi mais encore conçue comme un art.
Or nous savons aujourd’hui qu’une guerre est faite par le peuple et payée par lui.
Et nous n’en voulons plus.