Estimation de l’âge de Bayard à sa mort, par la méthode de cémento-chronologie
– Extrait de la Lettre des Amis de Bayard N°45 –
(travail du Pr. Lucotte présenté par J. Viret)
L’étude a porté sur la racine cassée de la molaire, l’autre racine, sciée, s’étant montrée impropre à l’observation. L’observation, non invasive, a été pratiquée au microscope électronique à balayage (MEB) au grossissement de 800 fois.
La figure 3-2 est assombrie pour mieux appréhender le relief. Elle illustre, en condition de profondeur de champ adéquate, une coupe transversale qui s’est montrée propice au dénombrement des bandes successives
Le nombre total de bandes successives est de 51. C’est donc que le propriétaire de la dent est mort à 51 ans. On ne peut s’empêcher de penser à Bayard. Jean Jacquart, l’un des meilleurs historiographes de Bayard, estime, lui aussi que Bayard est décédé à l’âge de 51 ans.
Initiée dans les années 50 par des biologistes spécialisés dans l’étude des populations animales, la cémento-chronologie est une méthode qui repose sur l’observation de marqueurs saisonniers dans le cément dentaire. Le Professeur Lucotte, toujours curieux d’aller plus loin dans ses investigations, a eu l’idée d’appliquer cette méthode (il est vrai peu connue) à la dent prélevée sur le crâne supposé de Bayard.
1) - Principe de la méthode :
- Le cément est un tissu osseux qui se dépose le long des racines des dents des mammifères, depuis leur origine jusqu’à leur mort. L’apposition du cément se faisant sur un cycle annuel, il est venu très rapidement à l’idée des chercheurs que le comptage des lignes successives de croissance cémentaire puisse être appliqué à la détermination de l’âge de la mort d’un individu. De nos jours et surtout depuis 2012, les bio-archéologues, les anthropologues, et les odontologues utilisent couramment cette technique.
- Bien que chez l’homme, il soit recommandé pour cette étude que l’examen porte sur les incisives inférieures, la dent explorée par le Professeur Lucotte a été la première molaire gauche, extraite de la mandibule, car seule dent en sa possession.
- L’étude a porté sur la racine cassée de la molaire, l’autre racine, sciée, s’étant montrée impropre à l’observation car s’il y a bien des stries, ces dernières sont dues à la scie elle-même.
- L’observation, non invasive, a été pratiquée au microscope électronique à balayage (MEB), selon la procédure LFD (Large Field Detector), au grossissement de 800 fois.
2) – Résultats :
La photographie de la figure 1 représente les portions transversales de la racine proximale sciée (S) et de la racine distale cassée (C).
La figure 2 illustre l’observation au MEB d’une zone de la surface cassée, pour un grossissement de x100. On peut apercevoir, en certains endroits, des coupes quasi-transversales de la paroi du cément, là où les lignes de croissance du cément peuvent être observées.
La figure 3 -1 montre la photographie d’une cassure transversale particulière, avec observation et numérotation des bandes (ou raies) successives. Chaque raie a une épaisseur de 23 à 25 microns et correspond à une année de croissance. Chacune d’elles est constituée d’une bande claire, épaisse qui correspond à une croissance rapide correspondant au printemps et à l’été, ainsi que d’une bande sombre en retrait, qui correspond à une croissance lente et à l’hiver.
La figure 3-2 reprend la photo précédente, légèrement agrandie et assombrie pour mieux appréhender le relief. Elle illustre, en condition de profondeur de champ adéquate, cette même coupe transversale qui s’est montrée propice au dénombrement des bandes successives. Ce dénombrement a pu en fait être précisé par cinq vues MEB différentes de cette coupe transversale, avec diverses orientations du plan de coupe.
Le nombre total de bandes successives est de 51. C’est donc que le propriétaire de la dent est mort à 51 ans. Là encore, on ne peut s’empêcher de penser à Bayard. Jean Jacquart, l’un des meilleurs historiographes de Bayard, estime lui aussi que Bayard est décédé à l’âge de 51 ans.
3) – Conclusions :
L’examen de la dent par la méthode cémento-chronologique a été possible car il a été trouvé par le Pr. Lucotte un emplacement adéquate d’une fracture transversale de la dent qui a pu être étudiée sur toute l’épaisseur cémentaire.
Cette méthode s’est montrée bien plus précise que les autres quant à la détermination de l’âge de la mort du présumé Bayard :
Méthodes Ages estimés de la mort
– Examen des sutures palatines – entre 40 et 50 ans
– Examen des autres sutures crâniennes – entre 40 et 50 ans
– Examen du degré d’usure des molaires – postérieur à 45 ans
– Cémento-chronologie – 50 à 51 ans