Extrait de La Lettre n°47 © Les Amis de Bayard
Les Amis de Bayard, comme leur illustre ancêtre, ont un esprit « montagnard » sans nul doute. Ils s’étaient donnés rendez vous au départ de MARCHALP ce 6 Juillet 2019. Ce projet visait à démontrer que le passage de chevaliers armés et d’une troupe par des cols de la vallée de Barcelonnette, était possible. Les douze « Amis », levés très tôt, étaient à 6h30 du matin à Maljasset, petit hameau de la haute vallée de l’Ubaye, dans les hautes alpes.
Le temps était superbe, avec un lever de soleil enchanteur sur les sommets, qui tout doucement est venu nous réchauffer. Car près du ruisseau et avec la brume, il faisait plutôt frais. Ces conditions atmosphériques rendaient le camp lumineux avec les perles de rosée, la fumée des feux de bois, les troupes qui s’agitaient.
Notre petit groupe a rejoint les autres spectateurs de la vallée, guère plus nombreux que nous. Ainsi, nous avons pu, toute à notre aise, observer le campement des « Etats du Velay », venant du Puy, la troupe des lansquenets suisse-allemands, les chevaux des « Ecuyers de l’histoire » et un détachement des chasseurs alpins équipés type 2020. Nous avons appris que le poids de leur matériel actuel : habits, protections, mitraillette, rations de survie, est équivalent à celui de notre cher chevalier soit environ 40 kg !
« A quelques pas, nous apercevons les futurs chevaliers : Patrick et O’Reilly Cameron. Ils sont en train de revêtir leur cote de mailles sur leur doublet, puis ils enfilent un à un les éléments de leur armure et les attachent. Ils ont bien besoin de l’aide de Fabienne !.
Stéphane a choisit ‘plus aisé’ puisque qu’il aura la tenue d’un homme à pied, et seulement une cuirasse plus légère sur le haut. Il donne des informations aux journalises présents notamment FR3, finit de régler l’organisation…
Bientôt nous devons nous tenir un peu à l’écart car la scène est filmée par l’équipe de Mégapixaile. Tout doit être « authentique », et nos accoutrements du XXèm siècle feraient désordre, dans la reconstitution historique du XVIèm. Nous entendons quelques démonstrations de canonnade, de présentation d’armes,… Nous participons aux séances de photos, avec et entre les personnages, pour garder une trace de ces moment mémorables.
Puis vers 8h, la troupe se rassemble près du torrent. Beaucoup d’hommes et de femmes en tenue de campagne (militaire) avancent avec leur équipement et leur ‘ration’ de nourriture, suivis par quatre ânes bien chargés. Les cavaliers ont pu enfourcher leur monture, non sans mal ; celui de Patrick rechigne particulièrement. Les chevaux ont une certaine appréhension : ces cavaliers harnachés et peu souples dans leur mouvement, ces armures qui brillent au soleil, la nature grandiose en ce fond de vallée… »
Les quatre chevaux ont démarré de manière désordonnée. Ils furent suivis par la troupe d’une vingtaine de personnes en habits hauts en couleurs et armés, emmenée par Stéphane. Derrière suivait l’escadron des chasseurs alpins… Images colorées, hors du temps, baignées par le seul bruit des pas et du torrent !
Après avoir traversé un pont, ils se sont engagés sur un chemin forestier puis un sentier de montagne. Ils ont quitté la combe Brémond. Nous les avons perdu de vue…
La deuxième partie de la journée a commencé par les explications de Renaud, notre guide. Celui-ci allait nous accompagner pendant deux jours et nous faire découvrir cette haute vallée. Les Alpages étaient autrefois, la seule richesse, bein maigre, de ces contrées difficiles d’accès, et coupés de tout contact en hiver. La frontière tout proche avec l’Italie favorisait la contrebande par les différents cols.
Nous avons échangé avec un éleveur de mouton sur le chemin qui nous a conduits au belvédère du pont du Chatelet. C’est un ouvrage remarquable, de 1880, 100 m au dessus d’un étroit cañon permettant un accès sûr au gros hameau voisin. Ensuite, nous avons visité le petit village ancien de Tournoux avec ses maisons typiques, son four banal et ses cadrans solaires superbes, et qui ont chacun une histoire. Notre surprise a été grande en arrivant au cimetière avec ses tombes sculptées et extravagantes, construites pour des familles revenues richissime du Mexique.
Le repas en terrasse à l’auberge de Saint Ours était exquis.
Un peu plus haut, notre guide nous a permis d’entrer dans une fortification de la ligne Maginot. Les nombreuses galeries profondes et les lieux de vie sont impressionnants, sans parler des groupes électrogènes et autres équipements. La visée sur le canon montre la formidable capacité de défense, par sa précision, ce qui explique que l’ennemi avait renoncé à passer par la route du col de Larches en 1939. Nous sommes redescendus pour découvrir des défenses plus anciennes de la batterie des Caurres du fort de Fournoux, réalisées en pierres par étapes successives, jusqu’à la fin du 19em siècle, littéralement accrochée au flan de la montagne sur 300 mètres de hauteur.
En fin d’après midi, après avoir flânés un peu dans la vieille ville de Barcelonnette, nous nous sommes retrouvés à la terrasse du café de l’hôtel échangeant sur tous les évènements et ressentis de la journée. Le temps était encore très beau mais l’orage n’était pas loin !
Le lendemain, il faisait très beau. Notre guide nous emmène sur une plateforme au dessus de la ville. Il nous a invité à découvrir le site : vallée, collines, implantation de la cité à partir des bâtiments les plus anciens.
Comme c’est un lieu de passage vers l’Italie, très tôt ce pays a été habité. L’histoire commence au Moyen âge avec une ville entourée de remparts… Par la suite elle s’est agrandie de part et d’autre. Elle a accueilli pendant des siècles des troupes. Aujourd’hui, elle se tourne pleinement vers le tourisme. Après la visite de la ville, et du quartier des villas mexicaines, nous nous sommes rendus au cimetière. Nous avons découvert des tombes encore plus extravagantes que la veille. . Les sculpteurs ont rivalisé d’audace pour les décors des pierres tombales.
Au repas de midi nous avons dégusté quelques spécialités. Ensuite nous avons grimpé, dans nos voitures jusqu’à Maljasset pour accueillir au retour la petite troupe que nous avons vu partir la veille. Grosse surprise : ils ont eu un gros problème à cause d’une chute de cheval et de l’orage qui a beaucoup effrayé les chevaux.
Dans l’attente, nous avons parcouru le campement, découvert l’intérieur des tentes, les matériels, interrogé, discuté… Certains sont allés jusqu’à la petite église ou ont visité une maison du pays très bien restaurée. Nous en avons profité pour faire découvrir notre association et vendre quelques livres. A 18 heures, et avec peu d’informations sur le retour de la troupe, nous avons décidé à notre tour de lever le camp !. Les chevaux bien dociles, sous le capot de ma voiture m’a permis de passer par le col de Vars et du Lautaret, en 1heure !
Que la montagne est belle, verdoyante avec les cimes enneigées !…
